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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 11:19

On a tous eu envie, sur un coup de tête, un coup de nerfs, de « péter les plombs », laisser déborder cette énergie dévastatrice qui nous laissera vidés, nus, presque sans vie.

Rares sont ceux qui franchissent le cap et passent à l’acte.

 

Passage à l'acte number one :
In the train


Cette grande ligne est toujours bondée. On se demande à quelle heure sont arrivés les gens côté hublot ! Z’ont dû camper la veille pour s’installer là !
Comme je n’arrive jamais assez tôt, le jeu consiste à choisir le compagnon de hublot le plus adéquat : la lectrice tranquille,
le bavard,
la bande de joyeux des espaces à 4,
le compartiment à 8,
1ère ou seconde.
Ce jour-là, j’ai jeté mon dévolu sur mister sieste !
Il dort déjà mais ne semble pas ronfler.
Au moins, on ne se dérangera pas mutuellement ! Un homme sort rarement pisser durant le trajet. C’est statistiquement prouvé !
J’aurais eu plus de chances de devoir me lever à côté d’une femme. Celui-là semble vraiment écraser sévère ! Il est officiellement désigné comme mon compagnon de hublot !


Je sors donc mon livre de poche spécial trajet compact : léger et éventuellement terminable en un aller-retour.
La première ½ heure se déroule comme prévu. Je me suis placé loin des familles pour éviter les cris des marmots qui m’insupportent. Loin aussi des groupes de filles qui piaillent. Leurs poufferies m’indisposent !
Seigneur, préservez vous de ce monde de superficialité cancanesque !

 

Voisin s’éveille lentement.
Stratégie classique dans les transports le NEC : No Eye Contact.
Je lui épargne l’effort du sourire de politesse en évitant soigneusement tout contact visuel les yeux rivés sur ma lecture.


Bon, je sais, j’ai un problème avec les gens.
Surtout dans le train. Leur intimité étalée m’indispose. La proximité de leurs odeurs, couleurs et conversations me hérisse le poil !
Donnez moi de l’anonymat et du silence !
Je n’aime pas non plus que l’on me regarde dormir.
J’ai l’impression qu’on entre chez moi sans frapper et que je suis nu.
J’évite donc de lever un quelconque cil vers Voisin et plonge dans la lecture de mon captivant roman.
J’entends Voisin qui s’active, heureusement, il ne semble pas non plus vouloir établir le contact.
Je le surveille du coin de l’œil et ce que je redoutais arrive : il sort son téléphone portable !
Au début, il se contente de taper sur toutes les touches, agile du pouce comme un singe, il envoie des messages à la vitesse de la lumière.
Le clic clic sur les touches reste supportable.
Puis, son téléphone commence à faire des bip-schlack-gling dans tous les sens. Il a lancé un jeu de voitures débile avec une musique débile et fait une tête débile en y jouant.
Bon.
J’essaie de me concentrer quand même sur ma lecture.
Et tout d’un coup, un bruit strident me déchire le tympan. Comment peut-il y avoir une sirène de pompiers dans un train !
Ouiiiiiinnnnnnnnnnnn
Ouiiiiiinnnnnnnnnnnn
Eh non ! Eh eh ! Il s’agit de la sonnerie du téléphone déblie de Voisin.
Qui bien sûr, décroche, au diable l’intimité des autres voyageurs et la sienne. Et la mienne !!!

Et de hurler dans le combiné :
Allô ? Allô ? Tu m’entends ? Oui, moi je t’entends ! Et toi, tu m’entends ? Non ? Bon ben, on s’entend pas alors ?

 

Quand on connaît le prix à la seconde de communication… Navrant !! On se dit que cela lui coûte bien cher l’absolue inutilité de cette conversation ! Il raccroche donc. Je me dis que, raisonnablement, il va éteindre en attendant une météo-réseau plus propice. Mais non, une minute plus tard, re-ouin-ouin du téléphone débile. Re-tu-m-entends-moi-non-plus. Dommage… Re-raccrochage !
Voisin m’a tout l’air d’être un sacré blaireau ! Re-ouin-ouin.
Allô, tu m’entends ? Oui ? Super !
Et merde ! Défilent, évidemment, les constats d’évidence !
T’es où ? Ah d’accord ! Moi, chuis dans le train, j’peux pas t’parler !
Mais qu’est-ce que tu es pourtant en train de faire ???
Ouais. Ouais ouais. Nan. Ouais. Nan.
Pire qu’un télégramme en morse !
Non, j’t’assure, j’peux pas t’parler, c’est plein de blaireaux, j’vais m’faire allumer.
Ça, c’était LA petite phrase en trop !
LE truc à pas dire !
Il raccroche.
Me regarde de son œil vide de bulot qui a raté la marée…

Entre bulot et blaireau, je choisis mon camp !

Je lui assène le plus beau coup de boule de toute l’histoire du train corail !

Il est assommé, KO pour un bon bout de temps, le parasite ! Le temps qu’on arrive à destination ! Au moins…
J’ai basculé son corps inconscient contre la vitre.

Pour qu’il profite de la vue...

Les freins grincent sur les rails. Le train s’arrête, je suis parmi les premiers à me lever. Je me dirige tranquillement, sans hâte, vers la sortie.
Personne ne m’attend.
Derrière moi, j’entends une certaine effervescence.
Monsieur ? Monsieur ? Réveillez-vous ! On est arrivé ! Monsieur ?
Tu crois qu’il est malade ?
Chais pas ? Monsieur ?

 

Je descends sur le quai. Il fait déjà beau.

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commentaires

J
Tellement bon oui, ce moment où la pensée nous sauve du réel, je passe à l'épisode deux !
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C
Bien vu et bien écrit... Mais pas bien vécu pour lui ;-)<br /> Des bises.
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T
Oups.... rappelle moi de ne jamais voyager à tes co^tés ;-)<br /> Quoique... j'éteins mon portable, dans le train. Théoriquement, je ne risque donc rien :-))
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C
Tu l'as pas fait "pour de bon" quand même ??
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