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15 novembre 2020 7 15 /11 /novembre /2020 10:35
La vie joue avec moi

La vie joue avec moi

« Mais je joue avec la vie aussi. Avec ma caméra. Spectatrice et actrice du film de la vie de ma famille. Du film de ma vie ». 

C’est ce que pourrait dire Guili. Élevée par la seule figure masculine vivante du roman, elle construit sous forme de roadtrip dans l’ex-Yougoslavie le récit de vie de sa grand-mère et de sa mère. Leur point commun ? Chacune a abandonné sa fille à la petite enfance. 

Lourdes de secrets, lourdes d’amour aussi, les valises que chacune se trimbale sont ouvertes, disséquées, éclatées, étalées. On y vit, on y contemple le récit d’une vie, de vies, les décisions heureuses ou malheureuses. Guili, elle, tente de comprendre, pardonner ce qu’elle peut et surtout vivre sa vie à elle, s’affranchir de ce passé. Posant la question essentielle : notre destin est-il dicté, gravé par notre famille et notre passé, celui que l’on a mais aussi celui qu’on hérite ?

Vera nous y raconte son amour mort, Rafael vit le sien encore bien vivant et chacun se fait l’écho d’une certaine façon d’aimer, absolue, magnifique et terrible à la fois.

 

Nina aura fui son passé toute sa vie mais à l’heure où sa mémoire la quitte, elle déclenche une course contre la montre, perdue d’avance, contre sa vie qui s’efface.

 

Les éléments en harmonie avec eux, le terrible récit de Vera trouvera écho dans une tempête déchaînée. Ils finiront épuisés, comme un ciel bleu pâle, lessivé d’avoir tant pleuré.

 

C’est un roman sur le destin, la filiation, les femmes, la mémoire, celle que l’on veut graver, celle qui est cachée, celle qui nous forge, celle dont on souhaite s’affranchir.

 

C’est un roman sur la liberté, de choisir ou non, de renoncer ou non, de vivre ou non.

 

C’est un roman sur la vie, écrit par une grande plume.

 

« Qui suis-je au fond, sans ma haine de Nina ? »

« Moi je suis un fétu balloté par le vent. Plus exactement, je suis cet oiseau qui ne touche jamais le sol ? J’ai oublié son nom...

  • L’albatros, mais ce n’est qu’une légende, il touche le sol parfois
  • Moi si je le touche, c’est pour prendre mon élan afin de m’envoler à nouveau »

« - Elle sait, je rétorque en répétant ce que je lui ai murmuré pendant la nuit, elle sait, même sans savoir 

  • C’est pas possible une chose pareille. Ou elle sait, ou elle sait pas.
  • Grand-mère, écoute-moi : chaque chose que Nina fait, chaque parole qu’elle dit, chacune de ses respirations, tout ce qui la fait souffrir, tout ce qui marche de travers chez elle, tout provient de cet endroit-là »«Et je me suis dit que, moi aussi, que je le veuille ou non, j’étais un peu confinée derrière ce mur »
  • « Et dire qu’elle pesait des tonnes quand elle n’existait pas »

La vie joue avec moi de David Grossman, traduit par Jean-Luc Allouche aux éditions du Seuil, collection Cadre vert 

 

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