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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 16:27

Papa avait beaucoup de centres d'intérêt. L'échange epistolaire était l'un de ses favoris.
Il parcourait la presse tout autant à l'affut d'articles intéressants comme de scandaleux abus orthographiques et se munissait de sa plus belle plume pour "réagir". S'indigner, s'extasier, apostropher vertement ou féliciter chaleureusement.


Lui, si réservé dans la vie réelle, si avare de démonstrations de sentiments, faisait preuve d'une verve décuplée par le plaisir d'écrire.
Réfractaire sélectif aux nouvelles technologies mais conscient de l'impact d'une belle lettre "wordée", il faisait souvent appel à mes services pour taper son courrier, usant pour cela du fax que je lui avais installé et qu'il regardait d'un oeil bienveillant comme le digne descendant du télex, seul outil avec le show-view de sa télécommande, qu'il daignait apprivoiser. Il me faxait donc sa lettre manuscrite en me laissant ses instructions précises : nombre d'exemplaires, adresses expéditeur et destinataire et, bien sûr, date de livraison souhaitée : sous-entendu, viens manger un morceau à la maison, et prévois un panier pour les victuailles avec lesquelles tu repartiras.


Ce week-end, en poursuivant le pénible travail de rangement vertical, j'ai trouvé, se cotoyant gaiement sur ses étagères, 2 "dossiers".
Le premier était un courrier destiné à un certain Jacques C., ancien président de la République. Courrier dont je me souvenais car, outre le fait que j'avais dû le taper et qu'il m'en avait quelque peu coûté, ne partageant pas forcément les affinités de Papa pour le président en question, la phrase de conclusion était : et par Saint-Georges, vive la cavalerie !
A l'époque, je m'étais demandé quelle malédiction potentielle planerait sur ma tête pour avoir tapuscrit cette phrase, que je relis aujourd'hui avec tendresse, à travers le prisme du souvenir de Papa.
Cette missive, donc, cotoyait joyeusement un dossier d'un tout autre genre : le courrier grivois. Le tapuscrit émanait du "Ministère de la condition Féminine - Sous secrétariat d'Etat aux affaires sexuelles", était signé par le Secrétaire eponyme, Monsieur Jean Baise, et se présentait sous la forme d'une circulaire destinée à toute femme n'ayant pas reçu son équivalent en kilomètres de coups de "bitoires" et invitait toute contrevenante à se faire connaître auprès du-dit Secrétaire pour compensation et justificatif de frais kilométriques.


Comment ne pas sourire/rire au souvenir du personnage contrasté qui peut faire co-habiter JC et JB avec un tel sens du classement.

Je suis repartie avec, en poche, l'édition 1975 chez Pouzet de 800 contrepèteries, qui a servi de base à mon éducation contrepète.
Quand je vois le retour en force de cet art sur les murs facebookiens, me vient une "pensée unique" : merci Papa !

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commentaires

C
Toujours aussi percutante ! Je retrouve la Thael de Psycho, que j'avais égarée...<br /> Super ce nouveau "cercle", ça nous permet d'à nouveau pouvoir nous relire :)<br /> Bisous.
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